a vaincre sans peril, on triomphe sans gloire !
Bien sur, un voyage initiatique se fait sans objectif. C est une porte par ou l on sort de la realite pour penetrer dans un monde inexplore. Toute fin est bonne en principe, il suffit qu elle justifie l action ( tire du carnet de voyage de che guevara).
En soi ce qui m arrive n a rien d exceptionnel, mon voyage n est pas initiatique, ou alors initiatique de ma deuxieme partie de vie, ce qui le rend plus excitant encore, car je ne suis plus vierge de toute emotion ! L interet vient, sous couvert de touriste effrenee a voir toutes les merveilles de la nature, de tout ce bouillonnement d etres et de destins, de ces fragments de vie paralleles ou entrecroisees, d episodes inacheves, qui me font penetrer dans ce monde latino americain. Quand j aurai mis ma peur de cote, quand j aurai affute mon espagnol, que vais je decouvrir ? je commence a realiser l etendue de ce qui m attend, la necessite de prendre ma vie en main. Et je n en suis qu a la premiere etape !
Cet espece de microcosme de gens qui se regroupent de passage, se racontent, se lient d amitie en une soiree arosee, est ce que les nouvelles technologies permettront qu il en reste quelque chose, que se tisse une toile ? il semble en tout cas que depuis qu internet existe, et la mondialisation des voyages, les gens se recroisent plus aisement, se recoivent . Je serai bien ravie de trouver quelque chose d utile a tout ca, autre qu a cette folie de gagner du temps a tout prix.
Fin de mon quart d heure je pense dans mon hamac et du coup j ecris des betises ! Ici la musique est bonne, la petite piscine reposante apres les chaleurs torrides de la journee ... pour vous mettre dans l ambiance, revoyez le film "mission" avec robert de niro, qui a ete tourne par ici, et qui relai un poeme intitule Christ ( de leon felipe, qui avec un nom pareil ne peut etre qu un dieu ...)
tu es venu pour glorifier les larmes, non pour les secher,
tu es venu pour ouvrir les blessures, non pour les fermer,
tu es venu pour allumer les brasiers, non pour les eteindre,
tu es venu pour dire : que coulent les pleurs, le sang et le feu... comme l eau.
Revenons aux chutes ...
Comment decrire l indescriptible ? Le cote sauvage de la jungle, l hostilite du lieu mais la bienfaisance de l ombre. Le foisonnement des papillons de toutes les couleurs, les cris incessants des oiseaux, des singes, les glissements dans les feuilles... beaucoup d iguanes aussi, qui me font sursauter quand je ne vois que le bout de leur queue. ce sont des monstres prehistoriques, d une laideur fascinante. Et tout d un coup, un grondement sourd et la vision de cet arc de cercle de plusieurs centaines de metres et des trombes d eau ! conditions ideales, les chutes sont gorgees au maximum, charriant toute la terre rouge provenant de la deforestation en amont au Bresil... on ne sait plus ou donner de la tete entre les couleurs des arcs en ciel par dizaines, les papillons, le ciel bleu, les aigles noirs et blancs qui nichent au milieu du vacarme abrutissant.
Le parc cote argentin est extremement bien fait, disparait dans la nature, et les passerelles permettent d aller au milieu du fleuve, juste au coeur des georges du diable. on marche au dessus du rio iguazu, si calme et si plein de petites et grosses betes qu on ne peut pas voir a cause de la couleur, et qui vrillent l imagination !
Forte de ma premiere semaine ici ou je ne m'en sors pas trop mal j ai decide d aller me promener toute seule sur un sentier pour aller me baigner a une cascade un peu eloignee ( 3 heures de marche aller- retour). il est juste specifie qu il ne faut pas sortir du sentier, qu on peut voir toute sortes de betes de la jungle en ne faisant pas de bruit ... pauvre innocente ! Me voila partie, toute fiere avec ma gourde, mon chapeau. Je ne me laisse presque pas impressionner par les bruits, les flaques de boue rouge a traverser, j ai le nez en l air pour chercher les singes... et oui, ce qui devait arriver arriva ... anne nez a nez avec un serpent, grand comme elle ! et non je n ai pas crie, j ai eu trop peur qu il me saute dessus, mais il a eu aussi peur que moi et a defile en se tortillant, rien que de l ecrire j ai les mains moites sur le clavier ... bon, mon orgueil a decide que je devais continuer, mais la promenade a l aller s en est ressentie, je tapais mes pieds par terre tout le temps, et plus question de lever le nez pour les singes ! seule au monde au milieu de la jungle ... heureusement a la cascade, il y avait une famille d argentins, on a pic nique et je suis rentree juste apres eux, en me disant que s ils etaient passes, les serpents se seront planques et je pourrais voir des singes ! maligne , non ! effectivement j en ai vu ! pour me rafraichir de tous ces evenements je suis retournee me revoir les chutes une derniere fois ! et j ai decide de me prendre un jour de repos a faire Nada, avant de m attaquer le bus pour 24 heures demain, direction Salta. 
Je goute tous les soirs a la delicieuse nourriture argentine faite par les garcons de l auberge, et hier soir assado d une enorme piece de boeuf, fourree de roquefort, de poivrons et de lard ! a mourir, mais malgre mes cris preventifs, quand meme trop cuite, surtout que peter, l anglais, aime bien la viande saignante lui aussi, et qu on s est battu le plus rouge ! avant hier c etait poisson peche par pablo, et avant pizza faite par manolo ! bref, cette adresse est infernale de beatitude : le pop hostel a iguazu, en plus en face de la gare des bus, pour ne pas aller loin avec sa valise !